Le Apple Vision Pro, une révolution? Notre avis détaillé

Écrit par Morgan Klein
21.03.2024
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Si vous êtes curieux du tout premier casque VR apple et que vous cherchez un avis complet et sans biais, c’est par ici !

Pour ceux qui veulent aller à l’essentiel : retrouvez le tableau de ses points forts et points faibles en bas de l’article.

Le monde de la technologie immersive a été marqué par l’arrivée du Apple Vision Pro, un appareil qui a suscité une grande anticipation depuis les premières rumeurs circulant entre 2015 et 2017. La présentation officielle le 5 juin 2023 a mis fin à l’attente. Le 2 février 2024, le Apple Vision Pro a été lancé exclusivement aux États-Unis, avec un prix de 3500 dollars, soulignant son positionnement haut de gamme

Apple a pris une approche unique en n’utilisant ni le terme de réalité virtuelle ni celui de réalité mixte, mais plutôt celui d’informatique spatiale (« spatial computing »), une vision qui vise à fusionner l’environnement physique avec des expériences numériques enrichies. Cette orientation stratégique s’appuie sur leur expertise en réalité augmentée développée à travers iOS et ARKit, l’un des systèmes de réalité augmentée les plus avancés pour smartphones.

Caractéristiques techniques du Apple Vision Pro

CaractéristiqueDétail
PrixÀ partir de  3 499 $
ProcesseurProcesseur M2 épaulé par puce R1
Mémoire vive16 Go de RAM
Affichage2 écrans micro OLED 4K pour 23 millions de pixels
Taux de raffraichissement90/96/100 Hz
Champ de visionnon communiqué
Réglage de la distance interpupillaireIPD réglable de de 51 à 75 mm
Stockagede 256 GB, 512 GB ou 1 TB
Autonomie2h en usage général, 2h30 en vidéo 
Poids638 g
Tableau des caractéristiques techniques du Apple Vision Pro

Design et confort d’utilisation du Apple Vision Pro

Fidèle au design Apple, il est minimaliste, élégant et constitué de matériaux de qualité (verre, aluminium…) usinés avec soin. Perso, c’est un casque que je trouve très innovant en termes d’esthétique mais la contrepartie, c’est qu’il est lourd. Officiellement 638 grammes, sachant que ça n’inclut même pas la batterie qui est externe.  

Parlons-en, justement, de cette batterie externe : sans surprise, ce n’est pas le top niveau praticité, il faut tout le temps gérer la présence du câble et le positionnement de la batterie. J’espère que vous avez des poches arrière sur tous vos vêtements… 

La sangle en textile est facile à mettre et à ajuster et l’absence de batterie à l’arrière permet de se mettre dans la position qu’on veut, même allongée si on le souhaite. Après honnêtement, elle n’est pas confortable dans le sens où, sans contrepoids à l’arrière, tout le poids du casque est ressenti sur l’avant du visage. Ça devient vraiment inconfortable au-delà des 45 min. Si vous voulez tenir sur de plus longues sessions, il faudra mettre la 2ème sangle fournie avec le casque. Elle est moins stylée mais plus confortable. 

Performances et graphismes du Apple Vision Pro 

Le casque est équipé de la puce M2. La même puce qui équipe certains MacBook. 

Avec 2 écrans micro OLED 4K pour une résolution de 23 millions de pixels, le Vision Pro dispose d’un affichage de pointe d’une très grande clarté. La meilleure sur le marché actuellement. Le Vision Pro incluant le eye tracking, il dispose également du rendu fovéal, c’est-à-dire qu’il rend en haute résolution exactement la zone que vous regardez. Ça permet un rendu haute résolution sans lag avec un taux de rafraîchissement de 90 Hz. C’est comme ça que fonctionne l’œil humain donc, visuellement, ça passe super bien. 

Est-ce que la qualité visuelle est supérieure à la concurrence ? Oui. Est-ce qu’elle est à des années lumières de la concurrence ? Non, pas du tout. On remarquera aussi que le champ de vision n’a pas été communiqué par Apple, et sans doute pour cause puisqu’il est plutôt réduit, ce qui impacte l’immersivité. 

Apple Vision Pro et réalité mixte

L’interface du casque Vision Pro d’Apple © Apple

Quand on met le casque, on a directement devant nos yeux le monde qui nous entoure, rendu grâce aux 2 caméras passthrough haute résolution. Je dois dire que de tous les casques que j’ai testé, c’est le rendu de la réalité que je trouve le plus impressionnant. Grâce à la densité des pixels, au taux de rafraîchissement de 90 hertz, à la gamme dynamique impressionnante des caméras, on a presque l’impression de regarder le monde réel

Si on regarde les caractéristiques techniques de plus près, on voit que le Vision Pro dispose de deux caméras haute résolution, six caméras de suivi orientées vers l’extérieur, quatre caméras pour le eye tracking, un lidar, une caméra TrueDepth, un capteur de clignotement, un capteur de lumière ambiante et quatre unités de mesure inertielle (qui mesurent l’orientation, la vitesse et les forces gravitationnelles).

C’est la seconde puce inédite : R1, qui est chargée de la gestion de tous ces capteurs. Elle ajuste la vitesse d’obturation en fonction des conditions d’éclairage, tout en maintenant la latence de transmission en dessous de 12 millisecondes.

On a donc un excellent rendu en termes de clarté, couleur et luminosité, le tout sans latence et avec une très bonne occlusion. 

Fort de son expérience avec ARKit, on remarque que le verrouillage de positionnement spatial est vraiment très bon. Une fois un objet ou interface “posé” dans l’espace, il reste parfaitement en place. 

Personnellement, je n’ai pas du tout expérimenté de fatigue oculaire à l’usage. J’ai noté aussi que la performance reste très bonne quel que soit l’environnement. Sauf quelques fois avec des petits problèmes d’occlusion, et des objets qui flottent un peu plus que d’habitude dans certaines conditions. 

Il a quand même ses limites, vous ne pouvez pas, par exemple, lire un e-mail ou un texte minuscule dans le réel. 

Ergonomie et Interface Utilisateur (UI)

Le Vision Pro est fourni sans contrôleurs, les principales méthodes d’entrée vont donc être les yeux et les mains. 

La première fois que vous mettez ce casque, il passe par un processus de calibrage. Il faut d’abord ajuster la distance entre les lentilles en maintenant la couronne numérique, située à droite, enfoncée. Le casque va déplacer physiquement les lentilles à l’intérieur pour qu’elles correspondent à la distance entre vos yeux. 

Ensuite, il effectue un balayage de vos mains et un calibrage du eye tracking en vous demandant de regarder une série de points tout autour de l’écran, puis de taper vos doigts pour les sélectionner. 

On se retrouve dans le système d’exploitation qui fait penser à celui de l’Ipad mais avec de la transparence et spatialisé, forcément. L’interface est intuitive, réactive et fluide, entièrement basée sur le hand et eye tracking. Le moyen le plus efficace pour saisir du texte est par exemple de regarder un clavier virtuel en pinçant les doigts à chaque fois que vos yeux se posent sur la bonne lettre. 

Grâce aux multiples orientations de ses capteurs, le Vision Pro pourra détecter le mouvement de vos mains et doigts n’importe où tant qu’ils sont dans le champ. Pas besoin donc de garder les mains devant soi pour sélectionner. Vous pouvez très bien les poser sur vos genoux pour une position plus confortable. C’est vraiment très appréciable et on s’y fait vite. La qualité du hand tracking est excellente et vient rejoindre celle du Quest 3 en tête du marché. 

Apple Vision Pro

Une expérience utilisateur simple et fluide basée sur le hand et le eye tracking.

Il faut quand même un temps d’adaptation pour se souvenir de systématiquement regarder exactement la chose qu’on veut sélectionner ou avec laquelle on veut interagir. 

Une chose qui m’a un peu surpris, c’est que le seul moyen d’accéder au centre de contrôle est de tourner la tête vers le haut pour voir s’afficher une flèche qui y donne accès. Ce n’est pas super intuitif ni pratique

Pour passer de la réalité mixte à la réalité virtuelle, il suffit de tourner la couronne numérique pour que progressivement l’environnement réel laisse place au virtuel. Toutes les fenêtres restent en place mais vous êtes maintenant dans un univers complètement virtuel. 

Pour finir, le casque dispose de petits haut-parleurs dirigés directement vers les oreilles et le rendu audio spatial est vraiment super. Avec un ajustement en fonction de l’orientation de la source du son, de sa proximité ou éloignement, mais aussi du positionnement de votre tête et de l’environnement dans lequel vous placez vos interfaces. 

Dans les points négatifs : les personnes autour de vous peuvent clairement tout entendre dès que vous mettez le son un peu fort. 

Autonomie du Apple Vision Pro 

Comme on l’a déjà mentionné, la batterie est externe et reliée au casque par un câble. Son verrouillage est (heureusement) vraiment solide et pas un simple câble USB qui pourrait se déconnecter facilement.

Une fois que vous l’avez connecté, il commence à briller, puis il démarre. Il n’y a donc pas de bouton d’allumage ou d’extinction sur le Vision Pro. Si vous retirez le casque et le posez, il passera en mode veille au bout d’un certain temps, mais il ne s’éteindra pas. Si vous voulez l’éteindre, la seule manière est de twister et débrancher le câble. 

L’autonomie de cette batterie n’est pas très longue. Deux à trois heures maximum (ils affichent officiellement 2h30 max mais perso j’ai pu l’utiliser jusqu’à 3h). Si vous voulez l’utiliser plus longtemps, la seule façon de le faire est de brancher la batterie sur un port USBC. Vous pouvez donc brancher la batterie sur le mur pour une durée de vie infinie. Après, on perd un peu l’intérêt d’un casque autonome. 

Personas

On l’a vu partout depuis l’annonce du casque : Personas est une représentation numérique réaliste de votre visage qui suit vos réactions et expressions en temps réel (90 images / secondes) grâce aux multiples capteurs placés vers l’intérieur du casque. 

Ce Persona peut être utilisé comme source de caméra pour toutes les applications de Vision Pro qui nécessitent une caméra frontale, comme FaceTime. C’est également lui qui sert à afficher vos yeux sur l’écran externe du Vision Pro. C’est une feature vraiment distinctive du casque, même si pour l’instant il s’agit d’une version bêta. 

Il faut dans un premier temps créer votre Persona. Le système détecte et scan votre visage et vos expressions et en créer une version numérique. Le rendu est un peu uncanny valley, on ne va pas se mentir, mais c’est quand même assez impressionnant. Ensuite vous enregistrez votre Persona. Et il ne changera pas, ce qui est peut-être pratique notamment si vous devez faire des visio à peine sorti du lit. 

En ce qui concerne la projection du modèle 3D des yeux sur l’écran externe. L’intention est de permettre aux personnes extérieures de « voir » l’utilisateur du casque sans qu’il soit complètement coupé du monde extérieur. En gros, vos yeux sont une indication du degré d’immersion dans lequel vous vous trouvez. On voit vos yeux quand vous êtes en mode passthrough et à l’opposé, ils sont recouverts d’une animation lumineuse lorsque vous êtes en mode immersif. Si vous êtes en mode immersif et qu’une personne vous parle, elle apparaîtra dans l’environnement immersif à travers une sorte de brouillard. Je trouve l’idée vraiment stylée, ça me rappelle Ready Player One. 

En ce qui concerne cette partie, on voit bien qu’il s’agit d’une version beta : les yeux sont parfois un peu trop éloignés l’un de l’autre, sont un peu sombres ou on ne voit qu’un œil à la fois. Ce n’est pas encore tout à fait au point. 

Écosystème

Avec 600 applications disponibles dès le lancement, il intègre sans effort l’écosystème iOS, même la majorité sont des applications 2D, dommage. Il y a donc peu de contenu disponible qui exploite pleinement ses capacités. On retrouve par contre l’essentiel des applications pour iPhone et iPad qui sont compatibles mais qui ne disposent pas d’une expérience “spatiale” spécifique. 

Dans la continuité de ce qu’ Apple a toujours fait. Le Vision Pro s’intègre parfaitement dans l’écosystème Apple. On notera spécifiquement Mac Virtual Display qui est très appréciable. Si vous portez votre Vision Pro et que votre Mac est devant vous, cliquez sur la flèche qui apparaît, sélectionnez votre Mac et instantanément votre écran apparaît en fenêtre 4K à l’intérieur du casque et vous pouvez continuer de la contrôler grâce au clavier et au trackpad. 

Pour ce qui est du mirroring, il est possible via AirPlay, avec cependant une qualité limitée (720p).

Prix et accessibilité

En vente exclusivement aux États-Unis au prix de 3500 dollars. S’il est, bien évidemment, possible de se le procurer dans le reste du monde grâce aux méthodes d’achat international, il est globalement peu accessible au grand public. Ce qui le positionne comme un produit professionnel, voire de test : Apple teste le marché avant de déployer l’idée partout. Et cela, malgré une orientation vers des usages quotidiens et de loisirs. 

En parlant de son nom, “Apple Vision Pro” : Qui est le Pro qui est visé ? Selon moi, le premier professionnel à l’acheter est le développeur. Ce sont les développeurs qui vont avoir le devoir de créer les applications 3D pour le store.

Le Apple Vision Pro, notre verdict  

Je ne recommande pas l’achat du Apple Vision Pro. Et cela que vous soyez un particulier ou un professionnel. La limitation actuelle des applications disponibles (en extrême majorité en 2D), me fait pencher pour une attente vers une éventuelle version 2 du casque, qui, je l’espère, offrira un écosystème d’applications plus riche et abouti.

Pour les particuliers : Si votre objectif est un usage porté sur le gaming et les expériences immersives, le Quest 3 sera un bien meilleur choix pour 1/7ème du prix du Apple Vision Pro. Vous aurez des performances quasi-équivalentes et accès à une bibliothèque d’applications bien plus fournies et immersives. L’absence de contrôleurs du Vision Pro est également un obstacle pour une expérience optimale dans certaines applications. 

Pour les professionnels : Bien que le Apple Vision Pro possède le potentiel technologique pour révolutionner les applications industrielles grâce à ses capacités avancées de réalité mixte, l’adoption dans l’industrie semble incertaine. La préférence des professionnels pour l’écosystème Microsoft, consolidée par l’utilisation du HoloLens 2, et la complexité de développement d’applications sur la plateforme Apple pourraient limiter son intégration dans des processus industriels. 

Points fortsPoints faibles
Affichage haute résolution d’une excellente clartéPrix élevé
Haute qualité du passthroughLourd et peu confortable
Performance du hand trackingUsages limités du fait de la bibliothèque d’applications 
Eye & face tracking Batterie externe filaire à l’autonomie limitée
Audio spatial Son qui s’échappe
Excellent placement et verrouillage dans l’espace Champ de vision moins large que la concurrence



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Rédigé par Morgan Klein

Développeur senior avec 12 ans d'expérience dans le développement Unity et depuis 10 ans dans les technologies immersives : Réalité Virtuelle, Réalité Augmentée, Réalité Mixte. J'ai lancé mon studio XR en 2019 et depuis, j'ai accompagné plus de 80 clients différents sur des projets immersifs.