Le Lynx R1 et R1 Pro, le meilleur choix pour la sécurité de vos données ? Notre avis

Écrit par Morgan Klein
24.05.2024
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Conçu par une équipe française, le lynx R-1 a été le premier casque pensé pour faire à la fois de la réalité augmentée et virtuelle, le tout en autonome.

Le projet, lancé en kickstarter, a vu sa réalisation freinée par le covid 19. Le casque a finalement pu être lancé commercialement en 2024. Il rejoint le terrain des casques de réalité mixte autonome où se trouve le HoloLens2, le Meta Quest 3 et le Apple Vision Pro.

À l’origine uniquement à destination des pros, il existe désormais 2 versions, le Lynx R1 et le Lynx R1 Pro. Essentiellement le même casque avec des licences différentes. 

J’ai eu l’occasion de le tester en long et en large et je vous donne mon avis complet sur ce casque, en toute transparence.

Pour les pressés, comme d’habitude, retrouvez le tableau récapitulatif est à la fin de l’article !

Caractéristiques techniques

CaractéristiqueDétail
Prix849 $ (version standard)
1299 $ (version pro)
ProcesseurQualcomm Snapdragon XR2
Mémoire vive6 Go de RAM
Affichage1600 x 1600 pixels par œil
Taux de rafraîchissement90 Hz
Champ de vision90° circulaire
Réglage de la distance interpupillaireréglable de 56 mm à 72 mm
Stockage128 Go + micro SD (1 To)
Autonomie3 h
Poids500 g
Tableau des caractéristiques techniques du Lynx R1 et Lynx R1 Pro

Design et confort d’utilisation

Il a vraiment une apparence qui le distingue des autres casques de réalité mixte avec sa partie avant rectangulaire aux côtés entièrement libres. Il est complètement en plastique et ses finitions font un peu “sorti d’usine”.

Après, hors ce point un peu négatif, je dois dire qu’il a l’avantage d’être léger et plutôt confortable. Il pèse 500 grammes, donc dans les standards des casques concurrents, tout en étant très bien équilibré. La batterie est située à l’arrière, ce qui représente la plus grande part du poids tandis que la partie avant est très légère. 

L’ajustement se fait via une roue de serrage à l’arrière et le réglage de la distance inter-pupilaire (IPD) se fait manuellement et de manière individuelle pour chaque lentille. C’est aussi possible d’avancer ou reculer la partie avant du casque pour pouvoir le porter avec des lunettes, ce qui est un très très bon point. 

La partie avant peut s’abattre et se relever très facilement, ce qui est très pratique pour passer facilement des expériences immersives au monde réel. Pour le monde pro, c’est très important, je valide !

Pour s’immerger au maximum, sans voir ses pieds pendant une expérience immersive, il faut ajouter un masque facial fourni, qui se fixe de manière magnétique. Son aspect est un peu cheap, mais il fait le travail.

Performances et graphismes du Lynx R1

Le lynx R1 est équipé du processeur Qualcomm Snapdragon XR2 et d’un taux de rafraîchissement fluide de 90 Hz. Je n’ai pas remarqué de latence particulière sur les expériences que j’ai pu tester. 

Il dispose aussi de 2 écrans LCD avec une résolution de 1600 x 1600 pixels par œil et un champ de vision circulaire de 90°. Le rendu visuel virtuel est, je trouve, au niveau d’un Meta Quest 2. C’est pas mal mais maintenant on fait mieux. On arrive à lire tous les textes et à discerner les formes correctement. J’ai trouvé qu’il y avais pas mal d’aliasing mais à part ça, pas de gros soucis apparents. Cependant on reste en retrait par rapport à la concurrence de 2024.

Une des particularités du casque sont ses lentilles “clover” ou “prisme catadioptrique quadruple à forme libre” pour le nom barbare. 4 images sont calculées sur l’écran, la lentille permet par la suite de les recombiner pour n’afficher qu’une seule image, particulièrement nette dans le casque. La forme du prisme, en réfléchissant la lumière à l’intérieur de l’objectif, permet également une distance plus courte entre les yeux et l’écran et donc une partie avant du casque plus mince. Du fait de ces lentilles, je trouve que la luminosité est plus élevée que ce que sa résolution officielle suggère. Elle reste cependant inférieure aux autres casques de réalité mixte actuellement sur le marché. 

Il faut être parfaitement bien aligné avec le centre de la lentille, le sweet spot est donc assez petit et l’image peut donc être trouble ou se dédoubler lorsque vous n’êtes pas au centre. C’est très gênant lors de l’utilisation si le casques n’est pas parfaitement vissé sur votre tête.

On notera que la mémoire du Lynx, 128 Go, est extensible grâce à la possibilité d’insérer une carte micro SD. Il faut noter qu’il est impossible de l’utiliser en mode PC-VR via le Wifi ou un câble USB-C.

Réalité mixte

L’expérience de réalité mixte du Lynx R1, intègre le champ de vision périphérique “naturel” laissé ouvert par le design du casque. Le champ de vision de 90°, qui peut sembler réduit sur le papier, devient donc insignifiant en mode AR. J’aime beaucoup cette excellente continuité entre le réel et le virtuel.

Le Lynx R1 est doté de 6 caméras : 2 caméras passthrough RGB à l’avant, 2 autres chargées du scan et de la compréhension de l’environnement et 2 caméras infrarouges pour le hand tracking. 

Pour ce qui concerne le passthrough en couleur, les couleurs et le contraste sont un peu moins bien que le Quest 3 et je trouve que c’est un peu juste en termes de définition. 

L’occlusion, c’est-à-dire la bonne intégration des objets virtuels au monde réel, est absente nativement dans ce caque. Les objets virtuels placés restent par contre bien ancrés aux endroits auxquels ils ont été positionnés.

Pour ce qui est du hand tracking, il se fait par Ultraleap. Il est d’une assez bonne précision et fluidité autant en ce qui concerne la main que les doigts. Même s’il n’y a pas de latence perceptible, ça reste galère de manipuler les objets virtuels avec facilité et précision. On perçoit de temps en temps des décrochages en bougeant rapidement. S’il est meilleur, que par exemple celui du HoloLens 2, il n’est malheureusement pas au niveau de celui du Meta Quest 3 ou du Apple Vision Pro.

Ergonomie et Interface Utilisateur (UI)

Une fois le casque en place, vous avez accès au menu en appuyant sur bouton en haut du masque. La home est en réalité mixte. Pas de Guardian à mettre en place. Vous commencez toujours au centre de l’application VR et il n’y a pas de protection s’il y a des murs autour de vous.

Dans l’OS, pour passer de VR à AR c’est un bouton dans l’interface. Rapide et pratique. Cependant c’est aux développeurs de coder eux même cette fonctionnalité dans leurs apps car il n’y a pas de bouton système pour le faire.

Le Lynx R1 a été conçu pour être utilisé sans manettes. Il utilise donc principalement le hand tracking comme méthode d’entrée. Ça rend d’approche plus naturelle pour les personnes plus néophytes, on voit ici la conception destinée aux pros. Après je dois dire que ça reste quand même contraignant pour certaines applications qui se prêtent simplement plus à une expérience avec des manettes. Ça fait aussi que parfois il manque un peu d’un retour haptique pour rendre l’expérience plus immersive.

Ils ont cependant désormais créé des contrôleurs mais qu’il faut acheter en supplément et qui sont en rupture de stock depuis très longtemps (le début ?) et je ne les ai jamais vu en vrai sur leurs stands dans des salons.

Le Lynx R1 dispose de 2 haut-parleurs stéréo et d’un microphone à 2 canaux. Si vous le souhaitez vous pouvez aussi écouter via vos écouteurs, qu’il est possible de connecter via cable jack ou Bluetooth.

Un dernier point que je signale, c’est que je trouve le Lynx vraiment bruyant par rapport à ses concurrents. A priori la cause est la ventilation. Je trouve ça assez gênant.

Autonomie du LYNX R1

Officiellement, l’autonomie de la batterie du Lynx R-1 est de 3h. Ça me semble correspondre à la réalité, avec un temps un peu plus court lors de l’utilisation d’applications particulièrement gourmandes. 

Écosystème et sécurité des données

Le parti pris de Lynx, et c’est écrit sur leur site, c’est de ne proposer AUCUN store d’application. Ils ne veulent pas vendre de logiciels et ils ne veulent pas que vous puissiez acheter dans le lynx. Pas de store, pas de compte, pas de données personnelles. L’unique façon d’avoir des applications dans le lynx c’est de les installer vous même avec l’outil de sideload fournis par Lynx. Donc soit vous êtes développeur, soit vous faites appel à une société comme 6freedom pour développer vos applications.

C’est en réalité le gros point fort de Lynx : le casque a été conçu dès l’origine avec à l’esprit la protection des données et de la vie privée de ses utilisateurs. Il n’y a besoin d’aucun compte pour s’en servir à l’inverse du Meta Quest 3 ou du Apple Vision Pro. Du coup ça intéresse beaucoup les instances publiques comme l’armée ou les états.

Mais ça en fait un casque très pauvre en usage. Vous l’achetez et vous ne pouvez rien faire avec car il n’y a pas d’applications. Il y a quand même un navigateur qui est compatible WebXR : Wolvic. Du coup vous pouvez lancer des applications WebVR ou WebAR. 

Lynx a également ouvert son API pour que les entreprises puissent suivre les données collectées et facilement désactiver tout capteur susceptible de recueillir des informations sensibles, hors utilisation. Il est possible aussi d’utiliser le lynx R1 complètement hors connexion pour éviter tout risque pour les données. 

L’écosystème logiciel du casque est construit sur Android et Lynx fournis un SDK pour Unity. C’est clairement la base pour laisser la liberté aux développeurs de créer un écosystème riche d’applications. 

Prix

Le Lynx R1 existe en 2 versions. Une standard à 849 $ et une pro à 1299 $. Il s’agit essentiellement du même casque mais avec une licence différente si vous êtes une entreprise ou un particulier.

Il faudra rajouter 99$ si vous souhaitez les contrôleurs (en rupture de stock au moment où j’écris cet article). 

Notre verdict

Il s’agit d’un casque de 1ʳᵉ génération, le Lynx R1 n’est donc pas parfait. C’est pour moi une  première bonne tentative vers un casque de réalité mixte autonome au facteur de forme petit et léger et pratique pour les professionnels.

C’est clairement un casque qui aurait eu sa place en 2019 mais qui sort beaucoup trop tard pour intéresser les particuliers. Et au niveau pro, son seul intérêt est sa protection des données. À mon avis, il faut le voir comme un kit de développement.

Cela étant dit, il faut prendre un compte que ce casque a été créé par une société française avec des moyens financiers bien en dessous de ses concurrents. Sortir un casque XR sur le marché sans être un grand nom du matériel (comme Lenovo ou Asus) c’est une dinguerie ! Les gens de chez Lynx sont très très fort pour avoir réussi cet exploit. Maintenant qu’ils ont réussi à sortir un casque, leur prochain objectif est de sortir un vraiment bon casque.

Pour les particuliers : Pas d’intérêt particulier d’acheter ce casque pour vous. Un Quest 3 sera un achat moins coûteux et plus adapté. 

Pour les pros  : Si vous êtes très à cheval sur les données et/ou que vous voulez acheter Français vous pouvez vous tournez vers cet appareil. Cependant, si vous voulez sortir quelque chose à grande échelle, passer votre chemin et regardez plutôt du côté du HoloLens 2.

Points fortsPoints faibles
Prix abordable (pour un casque pro)Hand tracking moins bon que la concurrence
Ergonomique et légerPas de eye tracking 
Sécurité des données Contrôleurs à acheter en supplément 
FrançaisVentilation bruyante 
Pas de magasins d’applications
Les lentilles qui peuvent être déroutantes

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Rédigé par Morgan Klein

Développeur senior avec 12 ans d'expérience dans le développement Unity et depuis 10 ans dans les technologies immersives : Réalité Virtuelle, Réalité Augmentée, Réalité Mixte. J'ai lancé mon studio XR en 2019 et depuis, j'ai accompagné plus de 80 clients différents sur des projets immersifs.